mardi 14 août 2007

A mort l'infini

Le grand néant

Vu à Beaubourg, l'exposition de Philippe Mayaud, lauréat et gagnant du prix Marcel Duchamp, tournant essentiellement autour de la dualité vie-mort. Le sujet pas fondamentalement sans intérêt, mais pas forcément capital non plus, est traité de manière inégale. " La critique est aisée, mais l'art est difficile", a dit un jour je ne sais plus qui...
Cependant, on retient avec le sourire les représentations du fantasme de dévoration amoureuse dans des réalisations pâtissières précieuses, sophistiquées, au glaçage rose bonbon ou pastel et chocolat, tout crémé de légèreté blanchâtre. Parties du corps ( langue, doigts, coeur, poumon, clitoris, vulve, lèvres, pénis, gland, bouton de sein...) mis en scène pour une incorporation maniérée et acceptable (artistiquement correcte?) ne visant point à heurter les sensibilités urbaines (très tendance?) bien loin des représentations tragiques de Bunuel ou de L'Empire des sens. Aucune violence apparente dans cet érotisme "glacé" et pourtant... Sur le même mode de l'irréalité fantastique, on retient encore des machines d'amour ailées et masquées dont les discours monocordes et juxtaposés se mêlent sans fin diffusés par les mêmes bouches souriantes et figées.

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On regarde ensuite avec lassitude les blanches machines de guerre et les blancs cimetières militaires miniatures à perte d'étagères. Banalisation du mal par le blanc de l'absence. Annulation des démarches d'agression par le vide du blanc.

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Plus loin, enfin, tout au fond, une insolite installation : un tombeau de marbre (où ce qui y ressemble) sur pied, gravé en lettres dorées du titre de l'exposition, soit : "A mort l'infini". A chaque extrémité, des lentilles permettent d'observer (assis) l'infini s'étendant et se contractant indéfiniment. L'occasion de se reposer l'esprit et de le laisser filer sans rien penser. Le rappel humoristique et comestible de cet univers interstellaire (comme un clin d'oeil), se fait par le truchement de "Cheddar, Mortadella, Cosmo" dans lequel l'infini s'adapte à l'élasticité suggérée du sandwich encadré et accroché au mur au-dessus du catafalque.


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Si par hasard, vous désirez vous rassurer sur votre incapacité à être pleinement en phase et sur votre mauvaise volonté à produire quelques paroles de réception cohérentes de cette oeuvre singulière, point de panique! L'artiste le fera fort bien pour vous en vous donnant les clefs d'accès à sa production artistique, dans le sas d'entrée où vous pourrez le voir et l'entendre (en collant l'oreille au haut-parleur) dans une vidéo dans laquelle il explique sa démarche qu'il emballe d'un joli papier de soie et qu'il agrémente d'une faveur. L'enveloppe du discours vous aidera sans doute à améliorer votre perception personnelle et à la diffuser autour de vous dans une savante maîtrise!...

Photos de mhaleph

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