dimanche 30 septembre 2007

Dernière minute


NON aux BASM


Signez la pétition en nombre, pour que cessent


la fabrication, la vente et l'utilisation de BASM.

Photo de mhaleph

jeudi 27 septembre 2007

Ken


Lire Yukio Mishima ce n'est pas tant suivre rigoureusement le fil conducteur du récit, c'est plutôt être cerné avec intensité par un réseau d'images sans grande netteté d'ensemble, mais doté d'une grande fulgurance dans le détail soudain zoomé et saisi en plein vol, avec la précision d'un regard d'aigle et la lenteur d'un ralenti éternel.


Image 1 : Il fait chaud. Un corps pivote. Mouvement lent du visage et de la tête autour de laquelle des cheveux noirs, fins et raides tournent aussi avec elle en corolle se soulevant légèrement. S'en détachent de fines gouttelettes de sueur, fraîches comme des gouttes d'eau à la source, qui se figent dans le vide, pareilles à une couronne de diamant.


Image 2 : Mouvement lent et puissant du corps qui suit le "Ken" dans le soleil rasant et oblique du dôjô. Léger déplacement du sable qui sous les pieds nus vole en pluie minérale figée dans l'air par l'objectif mental.


Image 3 : Vol fulgurant du kendôka, au terrible, subtil et magnifique sourire, fendant l'espace de l'intensité de son regard pour une frappe décisive, parfaite, d'une absolue maîtrise, sur le tatami brûlant.

"Ken" de Yukio Mishima, Folio n° 4043
Photo de mhaleph

samedi 15 septembre 2007

Techno Parade

Aujourd'hui en traversant le boulevard Sébastopol, je suis tombée sur la Techno Parade qui déferlait, très dense, très jeune. Forte de ses nouveaux slogans : " On change la terre" et de ses bucoliques distributions de graines : " Toi aussi, fais pousser des fleurs riches en pollen et en nectar!" dans le cadre de la campagne " Des fleurs pour mieux alimenter les abeilles!", distribuées par http://www.jacheres-apicoles.fr/ , elle était: Verte!


Silencieuse... ou presque...


Responsable


Militante!


Entre décibels et confusion, entre gentillesse et brusquerie, entre fous rires et susceptibilités, se lancerait-elle dans la voie de l'écologie pour hurler avec tous : "Relevons le défi pour la terre". Naîtrait-elle à une conscience utile et protectrice pour l'environnement? La question reste ouverte. Compte tenu du nombre important de jeunes gens, tous pays confondus, violemment attirés et alimentés par la techno, on serait tenté de penser que notre bonne vieille planète ne risque plus rien! La suite dans cinquante ans !...

Photos de mhaleph

Sicko


Le dernier film de Michaël Moore est sorti. Un cadeau sans doute empoisonné, car si le documentariste fidèle à lui-même dénonce les injustices flagrantes du système de santé américain privé fondé sur le seul profit et tournant résolument le dos aux assurés et patients, il tombe dans l’idéalisme le plus forcené quant aux systèmes de protection sociale canadien, français, britannique et cubain qui sont pourtant loin d’être la panacée universelle ! Moore fait là dans le simplisme le plus absolu.
Michaël Moore fait du Michaël Moore. Il fait le coup de poing (salutaire certes) pour dénoncer le système le plus immoral qui soit. Un système qui n’hésite pas à instaurer une discrimination en fonction des antécédents médicaux pour tous les postulants à l’assurance. Compte tenu du nombre de crises cardiaques, de cancers, de diabètes, de problèmes de cholestérol et autres joyeusetés qui peuplent le quotidien de nos civilisations modernes, on comprend de suite que peu de gens ont des chances d’être assurés… à part ceux qui n’attrapent que des rhumes ou des grippes bénignes…
C’est donc le premier point scandaleux dénoncé. En effet être assuré, c’est l’être la plupart du temps en prévision des situations graves qui nécessitent des frais médicaux (hospitalisation, intervention chirurgicale, traitement…) si exorbitants qu’ils sont inassummables pour le commun des mortels.
Deuxième point scandaleux bien dénoncé également, ce sont tous les épluchages draconiens effectués sur les dossiers de tous ceux qui, déjà assurés, se mettent (allez savoir pourquoi !) à ne plus aller tout à fait bien et à réclamer des sous… pour se faire soigner. Un comble ! Pourquoi faudrait-il débourser pour tous ces jeanfoutres et léser les actionnaires ! Le monde à l’envers qui poussent les assurances à fouiller sans relâche pour débusquer l’indice (même le plus arbitraire) permettant de rompre le contrat et donc l’obligation de remboursement.
Pour dénoncer et apporter des témoignages individuels qui nous arrachent presque parfois des larmes tant les situations présentées sont inhumaines, absurdes et tragiques (Pathos touché à fond) Michaël Moore est bon. Très bon même. Il nous fait comprendre peu à peu sur quel manque généralisé d’éthique fondamentale repose le système de santé américain. Il pourrait s’intituler : «Marche ou crève ! »
En revanche, Michaël Moore gagnerait sans doute en crédibilité en usant de plus de finesse dans ses analyses des systèmes de protection sociale canadien, outre atlantiques et cubain. Sans vouloir jeter la pierre à notre bon vieux et beau système hérité du Front Populaire en 36, ou à celui de la Grande-Bretagne issu de l’après-guerre en 48, ou encore à celui de Cuba redevable à la Révolution de 61, sans parler de celui du Canada, je ne puis m’empêcher de penser qu’il y a soit une pointe de naïveté soit une pointe de malhonnêteté inconsciente à force de vouloir bien faire, à renvoyer dos à dos deux systèmes, l’un absolument machiavélique (et il l’est) et l’autre par trop idyllique. C’est sans doute, sans le vouloir, tromper un peu le citoyen américain que de lui faire croire que tout est « parfait et gratuit » ailleurs. Lorsque le système marche il marche bien, c’est vrai. Mais marche-t-il aussi bien qu’il en a l’air ? Que pensez du manque de places en crèches, du manque de personnel dans les hôpitaux, des soins pas toujours remboursés à la hauteur de ce qu’on attend, notamment les dents ! Un gouffre ! D’autre part, le merveilleux système médical cubain laisse rêveur… Certes ces insulaires-là ont une réputation d’excellence en matière de compétences, mais ensuite… les moyens mis à la disposition des praticiens pour secourir leurs patients restent disons précaires, voire inexistants… Michaël Moore nous montre sans doute le seul hôpital de pointe de La Havane qui soigne le Leader Maximo et où rien ne manque ou presque, et la pharmacie la mieux approvisionnée du pays… car les autres… Voyez la photo d’une pharmacie prise au centre de La Havane en 2002 en haut de l’article et concluez… Vous allez me dire qu’ils ont fait des progrès depuis. C’est possible ! Mais à ce point ! Cela dépasse les prévisions ! N’oubliez tout de même pas d’emporter des médocs et une trousse d’urgence de base si vous allez à Cuba : ça peut servir et c’est plus prudent. S’il vous reste quelques bricoles médicamenteuses au moment de partir beaucoup de cubains seront ravis de les récupérer gratis !
Ceci mis à part, chapeau bas tout de même à Michaël Moore pour son audace et sa ténacité à affoler les autorités américaines. Ce qui reste exemplaire dans son film, c’est la mise en évidence de la spéculation financière sur du vivant : les assurés, c’est la mise en relief de l’exploitation financière la plus éclatante qui soit puisqu’elle s’appuie sans vergogne sur la détresse et la misère humaine.
Autre point fort, les témoignages des administratifs et des praticiens ayant travaillé dans des compagnies d’assurances privées et n’ayant plus pu supporter le travail de bourreau et de tortionnaire qu’on leur imposait, malgré une grasse contrepartie financière. Leur conscience plus forte que leur appât du gain l’a emporté : c’est tout à leur honneur mais a posteriori pas sans dommages collatéraux. Comment vivre en effet en sachant que vous aidez des gens à remplir des dossiers de demande d’assurance inutiles qui ne seront jamais acceptés, en sachant que vous devez coûte que coûte débusquer le grain de sable qui fera capoter un contrat, en sachant que vous devez systématiquement rejeter les dossiers qui entraîneraient les remboursements les plus lourds, en sachant enfin tout simplement que vous êtes devenu un assassin grassement payé pour tuer (en douceur ?) et de surcroît plébiscité par votre employeur ? Un cauchemar même pas climatisé celui-ci !
Enfin, dernier point important, le témoignage des américains de Paris rencontrés par Moore, qui insistent tout de même bien sur le grand écart qui existe réellement en matière de démarche et de protection sociale entre le pays de cocagne américain et la vieille Europe aussi imparfaite soit-elle. Deux mentalités, deux éthiques qui s’opposent et s’affrontent.
Malgré bien des défauts, le film de Michaël Moore reste une plateforme de dénonciation efficace, propre sans doute à bouleverser et à faire bouger les citoyens américains exploités et écrasés par et dans leur propre système. C’est aussi un avertissement en direction des citoyens européens notamment, qui ne sauraient être trop vigilants pour éviter qu’un jour, nous n’en arrivions à ces extrémités scandaleuses.
Conclusion : allez le voir et jugez vous –même !


Photo de mhaleph

mercredi 12 septembre 2007

Ni d'Eve ni d'Adam

Lu dernièrement entre deux rames de métro, le dernier Amélie Nothomb qu'on venait de m'offrir. Cadeau sulfureux (sans vouloir faire de mauvais esprit) à manier avec des pincettes, me dis-je, tant ses livres, la plupart du temps indigents, valaient pour moi le néant absolu. Des ouvrages qui ne s'impriment pas dans ma tête et que je ne lis éventuellement que si j'ai du temps à perdre ( il faut croire que c'était le cas!), que si une bonne âme m'en prête ou m'en offre un. Précisons cependant, que le cadeau était exceptionnel car l'intrigue d'inspiration autobiographique se situait au Japon. En effet, après avoir longuement précisé que je zappais systématiquement Amélie Nothomb en raison du peu de consistance de sa prose, j'ajouterai toutefois qu'il existe l'exception asiatique ou les livres écrits en relation avec cette expérience d'enfance. Un univers qui l'a marquée en Chine et au Japon et dont elle a su tirer quelque chose d'intelligent et de novateur. Je pense bien entendu aux livres suivants: "Le sabotage amoureux" (période chinoise), "Stupeurs et tremblements" (dont le film qui en a été tiré est tout à fait appréciable) et "La métaphysique des tubes" (période japonaise).
"Ni d'Eve ni d'Adam" appartient à la même mouture que les ouvrages précédemment cités, mais en moins élaboré du point de vue narratif. On ne peut cependant pas lui enlever une verve maligne autodérisoire qui ne manque pas d'entrain et qui peut sinon séduire tout au moins faire avantageusement sourire et rendre agréable et sympathique cette lecture. Peut-être y a-t-il quelques passages un rien surfaits ou idéalisés, mais l'ensemble reste tout à fait honorable. En effet, Amélie Nothomb manie enfin savamment et humoristiquement la plume dans un certain souci d'authenticité (elle sonne sans doute vraie), lorsque le "je" mis en jeu a la vedette. Elle ne semblerait en fait bien produire que dans ces conditions réunies. Cependant, sauf à faire preuve dans l'avenir d'imagination et d'audace, la veine asiatico-autobiographico-littéraire risque de s'épuiser.
L'amour immense et fantasque qu'elle voue au mont Fuji et à la nature nippone, le parti pris de fantaisie qu'elle adopte pour parler du Japon via le personnage de Rinri, entre autres, entretiennent une prose sautillante qui nous entraîne légèrement dans les réalités sociales et culinaires du pays du Soleil Levant, sans parler des quiproquos permanents qui pointent à l'horizon de la langue et de la relation amoureuse. Elle fait donc ainsi de cette histoire (à découvrir) un petit roman (écrit gros) qui se lit sans animosité "en deux coups de cuillères à pot". Un bon divertissement.

Photographie de mhaleph : Adam et Eve, angle du Palais Ducal, Venise

samedi 1 septembre 2007

Blanc sur blanc



Cherchez la nuance...

"Art" ou l'art de l'affrontement et des vérités qui blessent autour d'une toile blanche qui, peut-être, ne l'est pas tout à fait a été ma perle rare de la journée avec un retour sur les images de cette pièce hors norme.

Trois amis se froissent, se querellent, s'entretuent, s'apitoient se consolent, se réconcilient et se trompent (à nouveau...) en 1h25 de savoureux dialogues et d'apartés éclairants, portés par trois acteurs hors pair : Fabrice Luchini, Pierre Arditi, Pierre Vaneck, pour lesquels Yasmina Reza écrivit spécialement la pièce. Un vrai plaisir à suivre les ricochets des mots et de la pensée.

Prenez le temps de lire ou de relire "Art" ou prenez 1h25 pour voir ou revoir la pièce dont vous trouverez la vidéo (de piètre qualité cependant) sur igoogle-video ou dailymotion. Vous ne le regretterez sûrement pas.