dimanche 13 novembre 2011

Alternative zéro


Alternative zéro.Tout ou rien. Rédemption par le rachat ou le sacrifice expiatoire par le feu. Politique de la terre brûlée. Pour une renaissance lointaine, comme le Phénix renaît de ses cendres. Après la dévastation, la nécessité de se renouveler. Toutes les pistes sont ouvertes et mènent sans doute quelque part. Mais où?

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samedi 12 novembre 2011

Grand écran



Un excellent et tragique "Poulet aux prunes" de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud pour ce conte magique, s'enracinant dans l'Iran des années 50 (1958 exactement), toujours humoristique, souvent drôle et outrancier, qui dose avec équilibre le réel et le merveilleux pour rendre à la vie à la fois sa vraissemblance et sa fantaisie onirique.
Pourtant, les personnages de ce récit sont tristes, mélancoliques, contraints et malheureux, ne vivant que de brefs instants de bonheur qui éclatent et disparaissent comme de belles bulles de savon.


Fragilité des instants magiques et éphémères. Impitoyables vies tracées au cordeau par les conventions et l'autorité.
La mise en scène théâtrale, le quitch des décors, le mélange maîtrisé des univers du cinéma, de l'animation et de la BD, l'atmosphère décalée et le jeu contrasté tout en finesse des acteurs, font de ce film un excellent souvenir cinématographique - une rareté en ce domaine - malgré la tristesse qui pointe et nous accompagne jusqu'à l'ultime image.


Synopsis Allô Ciné : Téhéran, 1958. Depuis que son violon tant aimé a été brisé, Nasser Ali Khan, un des plus célèbres musiciens de son époque, a perdu le goût de vivre. Ne trouvant aucun instrument digne de le remplacer, il décide de se mettre au lit et d'attendre la mort. En espérant qu'elle vienne, il s'enfonce dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuses, qui, tout à la fois, le ramènent à sa jeunesse, le conduisent à parler à Azraël, l'ange de la mort, et nous révèlent l'avenir de ses enfants... Au fur et à mesure que s'assemblent les pièces de ce puzzle, apparaît le secret bouleversant de sa vie : une magnifique histoire d'amour qui a nourri son génie et sa musique...

Interview : ABUS DE CINE parce qu'on n'en a jamais assez...


lundi 3 octobre 2011

Littérature cubaine

Leonardo Padura, surtout connu pour son célèbre Mario Conde personnage évolutif de la chaotique société cubaine, offre à ses lecteurs un livre dense, mouvant, réflexif et d'une grandre complexité dans lequel ils se glisseront par les trois entrées principales ménagées par l'auteur : celle du narrateur fictif Iván le cubain, celle du catalan républicain Rámon Mercader, celle de Lev Davidovitch Bronstein alias Léon Trotski fondateur de la IVème Internationale et exilé permanent en Russie, en France, en Norvège, en Turquie puis au Mexique où il trouvera la mort. Il s'agit de "El hombre que amaba a los perros" (titre original) à traduire : "L'homme qui aimait les chiens". En fait on pourrait bien parler de quatre ou cinq entrées si l'on tient compte du retour récurrent de Kotov (l'homme aux multiples identités) mentor référent qui modèlera Rámon Mercader et de l'ombre omniprésente de Iossif Vissarionovitch Djougachvili  dit Joseph Staline pesant lourdement sur toutes les étapes clefs de la vie des personnages.
Comme une natte qui se fait et se défait, se refait, s'abandonne et se reprend, Leonardo Padura tresse un récit profond et complexe, abondamment et justement documenté (c'est la griffe du journaliste-chroniqueur qu'il fut qui apparaît là et qui l'a poussé à aller chercher loin en Espagne et au Mexique une documentation inexistante à Cuba... Ecouter l'interview de France Culture à ce sujet...), tout en donnant sa place à une perspective romanesque portée entre autres par une introspection développée chez les trois personnages principaux.

Ce récit entrecroise les vies des trois protagonistes sus-cités à des époques qui comme des clefs de voutes structurent le roman, à savoir : la guerre d'Espagne, la montée et l'implantation du fascisme en Europe, l'avant et l'après stalinisme, la seconde guerre mondiale et la crise cubaine...

Un livre prenant qui nous plonge au coeur de situations fortes, qui nous poussent à aller de l'avant non pour une fin en partie attendue - comme le destin déjà écrit d'un tragédie antique - mais pour les interrogations - souvent sans réponse - qu'il suscite, pour les lieux évoqués, pour les personnages rencontrés qui gravitent autour des personnages centraux.

Amateur ou néophyte, on ne peut manquer d'être captivé par ce roman politico-historique qui dépasse les partis pris et tente plutôt de mettre en évidences les violences de l'Histoire et des Idéologies dévoyées enfermées dans un fonctionnement psycho-rigide qui n'alimente que l'erreur et la terreur. A ce sujet lisez donc ce qu'en pense Yoani Sanchez la journaliste cubaine auteure du blog Generación Y et penchez-vous sur ses cauchemars pour mieux saisir la portée de ce livre dans un pays éminemment concerné par son sujet.

C'est le second roman historique captivant que je lis à quelques années de distance (autant dire que peu d'entre eux méritent autant d'éloges).
Une littérature magistralement menée pour " L'homme qui aimait les chiens" qu'on ne peut lâcher une fois commencé et qui laisse comme un vide quand on l'a terminé, comme ce fut le cas en son temps pour "The Darling" titre original de "American darling" de Russell Banks traitant une autre histoire romancée, celle des USA et du Liberia.

lundi 12 septembre 2011

Ironie du sort...


L'ironie du sort. Au matin clair, se battent à l'unisson : le yaourt nature qui transite sans broncher le long de notre oesophage, le biscuit minceur qui se laisse grignoter avec complaisance, le café tonus mais sans caféine et sans café aux céréales torréfiées et les pilules du bonheur, petits miracles quotidiens, parfaitement dosées pour juguler nos maux et nous permettre enfin de nous déployer.



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vendredi 2 septembre 2011

Rien ne sert...


"Rien ne sert de courir, il faut partir à point." Nous ne saurions trop bien dire pour tous les jours où nous nous levons aux aurores, chaque matin, des mois durant, comme de bons petits soldats de plomb qui font leur travail sans broncher (ou presque) !

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vendredi 26 août 2011

Mise en mots...


mélancolie du latin melancholia venant du grec melankholia soit de melas/melanos ( noir) et de kholé ( bile) pour désigner la bile noire l'une des quatre humeurs (sang/lymphe/bile jaune/bile noire) déterminant le tempérament (ici une tristesse infinie réservée aux voyants et aux génies) selon Hippocrate (médecin de l'antiquité grecque) voici pour l'étymologie et la part justement faite aux origines du titre du dernier film (voir synopsis à la fin)  de Lars von Trier

quelle humeur noire en effet perturbe Justine dont le visage angélique passe sans cesse du sourire (souvent forcé) à l'expression de détresse (figée) sourire pour maintenir les convenances sembler s'y plier parfois de bonne grâce gracieuse et affable comme son milieu et les circonstances matrimoniales l'exigent mais semble seulement car son visage très mobile bascule toujours vers melancholia son double astral pourrait-on dire cette planète qui d'inconnue et d'innoffensive deviendra peu à peu dérangeante maléfique menace pour la terre comme  Justine sans arrêt dérange in extremis les conventions établies perturbe l'équilibre de sa soeur Claire aucun déplacement possible des maléfices ce qui doit être sera elle sait alors que les autres hésitent ou paniquent


d'emblée le film pose la destinée fatidique des personnages dans une société fermée puis dans un huit clos familial où la maladie de Justine la trajectoire (incertaine) de melancholia l'angoisse  (croissante et invaincue) de Claire prennent toute la place la rationalité (mise à mal) de John ne serait là qu'en contrepoint (ou contrepoids) tentative (vaine) de rééquilibrer l'ensemble qui marqué par le fatum antique va inévitablement à sa fin comme le prélude au diptyque Justine/Claire le signifie dès les premières images Lars von Trier nous a averti comme le faisait le choeur de la tragédie antique qui soumettait au public avant même que la pièce ne soit jouée le destin incontournable des personnages


le premier volet du diptyque (le mariage) pèche sans doute par un excès de longueur mais se rattrape par sa nécessité en bousculant jusqu'à la nausée les angles filmiques (beaucoup de bougés de tangages de roulis) en posant le contexte familial sulfureux la pathologie envahissante et destructrice de Justine le dévouement sororal de Claire l'énigme cosmique de l'étoile rouge intermittente qui accompagne la noce et la mariée
dans le deuxième volet la progression dramatique servie par de magnifiques images s'organise autour du parcours supposé de   melancholia splendeur menaçante qui par sa beauté même subjugue Justine en osmose avec la planète maudite John en scientifique admiratif des merveilles de la nature (à peine soucieux) Léo en enfant émerveillé seule Claire crédule vivra ce cauchemar éveillé de l'incertitude sans jamais pouvoir surmonter son angoisse de l'anéantissement du néant jusqu'à l'extrême limite si magistralement mise en scène et dans laquelle Justine prendra enfin une dimension humaine plus positive en facilitant symboliquement le passage pour Léo dans la cabane magique ni dedans ni dehors construite de leurs mains


la mise en mots ne remplace pas la mise en images de ce conte moderne qui fait passer la terre en douceur de vie à trépas atténuant et/ou nous épargnant (peut-être) ainsi les affres d'une fin moins "romantique"
mais le mieux c'est finalement d'aller le voir et pourquoi pas d'en faire une mise en mots...


Synopsis Allo Ciné : À l'occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre...
Resurgences : Il y a quelques années déjà, j'avais fait une tentative de transcription d'un rêve qui m'est revenu en mémoire à l'occasion de la découverte de Melancholia en raison  d'une proximité du sujet. Voir Et après dans Rêves Epars libellé L'étrange.

mercredi 24 août 2011

Côté salles obscures


une brusque envie de ciné pourquoi pas La piel que habito le dernier Almodóvar
après une introduction énigmatique dans laquelle nous découvrons une jeune femme sans nom séquestrée étroitement surveillée par vidéo intrusive soumise à d'étranges séances chirurgicales (voir synopsis en bas de page) prisonnière d'un monde clos vérouillé (presque) parfait où rien ne doit entrer ni sortir comme rien ne semble entrer ni sortir de Roberto (savant illuminé obsessionnel) Almodóvar cultive l'art de l'analepse au compte-goutte en distillant quelques flashs back salvateurs qui permettent d'élaborer du sens on comprend enfin quels liens unissent et/ou désunissent les personnages de Véra et Roberto (entre autres)
l'extrême tension ( Louise Bourgeois nous guette au coin du bois encore) n'a d'égale que l'extrême jouissance qui traverse Roberto sans doute (hypothétique mais probable)
à devenir M/maître d'un/une autre heure/leurre de la toute puissance aussi mais à ce jeu-là le psychisme et les affects de Vicente/Véra finissent par ménager le coup de théâtre qu'on n'attendait... presque plus et par lui échapper
belle esthétique belle plastique mesure et maîtrise d'un Almodóvar aux bords bien gommés loin des impétueux débordements esthétiques tension dramatique garantie égratignée parfois mais à peine par quelque personnage incongru sinistre et stupide
si la peur doit nous habiter elle n'est pourtant que subreptice mais incidieuse et continue inquiétude peur angoisse frayeur sourde créée par le climat "clinique" (sans jeu de mots) d'un univers inhabituel terreur peut-être aussi mais qui sait vraiment ce qui nous traverse
le trouble s'invite et s'installe durablement
interrogation identitaire anéantissement acceptation faussement consentie mais si crédible rejet différé transexualité ici forcée (clandestine) et ce malaise de l'après qui nous taraudera
vivre mais comment quand on se retrouve à son corps défendant dans la peau d'un/une autre ou bipolarité native enfin symboliquement admise et dévoilée par les subterfuges de ce conte moderne dont le thaumaturge plus naïf que prévu ne saura pas mesurer toute l'ambivalence masquée qu'il a engendrée



Synopsis Allo Ciné : Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau : sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable cuirasse contre toute agression, tant externe qu’interne, dont est victime l’organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu’offre la thérapie cellulaire.
Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé, il en est tout simplement dénué. Marilia, la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye…

jeudi 18 août 2011

Labyrinthe


Labyrinthique et précis, paradoxal et lisible, le parcours urbain de nos esclavages quotidiens et de nos évasions usuelles, s’inscrit en nous de jour en jour, avec simplicité. Automates conscients et libres sujets de nos contradictoires trajectoires, nous allons et venons d’ici à là et nous recommençons ici ou là, sans arrêt à la ville ou à la campagne.



Photo de mhaleph

mardi 16 août 2011

Rappel sur Aharon Appelfeld

"J'écris sans cesse sur des recoins de ma propre vie. J'ai quatre-vingt-six ans (c'est une longue vie…), ai écrit quarante livres. Chacun porte sur ma vie, certes, mais à partir d'un angle toujours différent. D'une zone bien spécifique de ma vie. Je ne cherche rien sur l'Histoire. Pour moi, écrire un nouveau livre veut dire que j'ai quelque chose de nouveau à dire, une chose que je n'avais pas vue avant."

En rangeant (plus ou moins) ma bibliothèque j'ai retrouvé trois livres d' Aharon Appelfeld que j'ai lus pratiquement en suivant. Depuis,  je n'ai pas réouvert un seul de ses livres mais je l'ai retrouvé comme écrivain témoignant de l'usage de l'hébreu en littérature dans le premier film de la trilogie de Nurith Aviv : D'une langue à l'autre, Langue sacrée langue parlée, Traduire  et comme héros (double fictif ?) dans Mensonges écrit par sa traductrice Valérie Zenatti.

Parcourant de nouveau rapidement Histoire d'une vie, Tsili et L'amour soudain j'ai jeté quelques notes dans un carnet qui m'a ensuite servi de support pour écrire trois petits articles sur ces trois titres. Pas les plus récents certes, mais un auteur ne s'apprécie pas nécessairement à sa dernière parution que je lirai sans doute mais à son heure, c'est à dire lorsque je serai vraiment tenter d'y plonger...

Histoire d'une vie

Une vie, celle d'Aharon Appelfeld, vue à travers les yeux de l’enfant devenu l’adulte qui évoque sa relation au passé, à l’écrit en regard de ce vécu lointain se rappelant encore à lui par des liens toujours férocement inscrits, aussi ténus soient-ils, dans sa mémoire parcellaire et dans sa chair. Imprévisibles ces liens souvent usés, parfois brisés et sectionnés par nécessité, se régénèrent pourtant et entraînent des réactions dans les situations les plus inattendues. Ils réactivent sans cesse des pans d’Histoire d’une vie et ne laissent jamais en repos celui qui les a vécus. L’écriture de cette autobiographie est simple et les chapitres courts. Ils ont la juste longueur pour s’imprimer efficacement dans la mémoire. Aharon Appelfeld précise au chapitre dix sept que son « écriture fut d’abord un claudiquement pénible» et qu’il ne se souvenait pas « des noms de personnes ni de lieux, mais d’une obscurité, de bruits, de gestes.» Il dit aussi qu’il comprit plus tard « que ces matières premières étaient la moelle de la littérature et que, partant de là, il était possible de donner forme à une légende intime» malgré l’absence « de témoignage à offrir.» Les faits furent alors traités avec réalisme et poésie, avec inquiétude et nostalgie, avec crudité et tendresse. C’est ainsi que ce livre est construit sur des paradoxes émotionnels et ne peut en aucun cas se laisser lire avec un seul regard. Il mobilise en nous plusieurs énergies. Il nous oblige à multiplier nos approches. Il nous rend sensibles à de multiples ressentis. Il ouvre notre Pathos. Il le fait mûrir au cours de ce voyage dans le temps : avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale, à travers les plaines d’Ukraine, aux limites extrêmes de l’Europe centrale et occidentale jusqu’en Palestine. Un livre à nous faire faire des pauses pour réfléchir et recréer mentalement ses multiples tableaux.

Tsili

Avec Tsili, Aharon Appelfeld trace le portrait d’une toute jeune fille, qui restera dans la marge de sa vie comme dans celle de la guerre durant les trois ou quatre ans d’errance et de survie brute qu’elle vivra dans les plaines d’Ukraine jusqu’à son arrivée en Palestine. Non ce n’est pas une redite, et ce court récit reprend transposée la propre histoire de son auteur, d’une écriture simple et émouvante. Dans cette « aventure» sensitive, tout se dit dans l’élémentaire et l’essentiel grâce à cette écriture du dépouillement. Pas de mots en trop. Juste ce qu’il faut. Une expérience de lecture qui touche à vif. Comme Tsili, Aharon Appelfeld « ne prévoyait pas beaucoup de mots, une poignée » pour conter son parcours singulier.

L'amour soudain

Un beau livre, une belle histoire, comme on en lit peu, entre un homme vieillissant et malade qui essaie d’écrire et qui se souvient, et une femme jeune encore qui l’écoute et lui apporte toute son attention. Ernest s’abîme de jour en jour dans l’écriture à l’approche de son échéance et rétablit progressivement les liens qui le rattachent malgré lui à son passé proche et lointain, très lointain lorsque l’enfance lui parle. Ecrire le dévore, et lorsqu’il « écrit une phrase, il aspire de toutes ses forces à lui donner la forme la plus aboutie». Iréna, embarrassée par le langage, « ne parle pas beaucoup », mais elle tend l’oreille, à « chaque mot, chaque expression », à tous les mots scrupuleusement choisis qui la transportent dans les différents univers jalonnant la vie d’Ernest : univers enchanté des Carpates où vivaient ses grands-parents, univers muet et laborieux de ses parents, univers gratifiant de l’étude qui révèle l’enfant féru de littérature et passionné de livres « ses meilleurs amis », univers militant à double tranchant, univers de la sensibilité retrouvée sans sensiblerie. Chacun trouve le chemin de l’autre « du plus profond de son être ». C’est de l’amour : c’est pur, c’est naïf, c’est vrai. L’amour soudain c’est celui qui vient au monde sans se presser. Un paradoxe, encore.

lundi 15 août 2011

Art brut



Nous pouvons apercevoir entre deux coups de coude et le ballet incessant des pas pressés, sinon voir entre deux vagues humaines allant à contre sens, voire observer et contempler lorsque l’accalmie opère, des œuvres originales dont l’intérêt principal réside dans leur caractère éphémère. Un jour présentes, elles peuvent ne plus être au rendez-vous le lendemain. C’est en vain que nous jetterons quelques coups d’œil pour les retrouver. Où sont-elles ? Qui aurait décidé de les enfermer dans le papier de soie des codes bien rodés des expositions qui vendent tout et son contraire ? Dérobées ou gisantes sous le papier glacé des publicistes ? Nous n’en saurons rien, et nous chercherons en catimini à travers le flot incessant de nos concitoyens affairés, la prochaine œuvre d’art brut accrochée dans le souterrain numéro tant…



Photos de mhaleph

mardi 9 août 2011

Ligne

la ligne droite nette et sans bavure qui prend d’assaut les verticales et les horizontales rejoint théoriquement toutes les autres lignes de fuite vers le même horizon improbable

la ligne courbe elle suit les inflexions du vent et de la voix celles du contour de l’œil et de la lèvre adoucit nos perspectives calme nos nerfs fatigués et nos neurones en surcharge


Photo de mhaleph

mardi 19 juillet 2011

Vrac de notes...

Quelques notes rapides sur quelques lectures ou relectures entreprises :


"Canicule et oiseaux fous" de Gabriela Avugur-Rotem
Plaisir de ce désordre de la pensée fragmentée et/ou du flot discontinu des associations d'idées internes. Une écriture hasardeuse et un pari audacieux plutôt réussi car le lecteur en déroute ne cesse d'être sollicité pour ordonner cet apparent chaos faussement désordonné lorsque la narratrice remonte le fil discontinu de sa (ses) mémoire(s) lors d'un retour "au pays natal". Bien que l'expression fleure le paradoxe...


"La couleur des sentiments" de Katryn Stockett
Dans ce premier roman, traitant de la conditions des noires du sud employées chez les blancs dans le Mississipi aux alentours de 1962, les points de vue des deux communautés, au travers de ses individus singuliers et différents, se croisent donnant un extraordinaire dynamisme à la "peinture de moeurs" d'une époque révolue. Une construction intéressante pour un sujet délicat, encore sensible et où la référence à  "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee apparaît clairement.



"L'écume des jours" de Boris Vian (relecture)
C'est toujours drôle, inattendu, décalé, tendre et cruel, très pertinent ou très absurde. Un extraordinaire mélange qui amuse et agace à la fois.



"Un été sans les hommes" de Siri Hustvedt
Un roman d'été (pourquoi pas) plein d'humour, mais aussi plein de réflexion sur une relation bancale voire fichue depuis belle lurette et qui n'a sans doute pas été ce qu'elle aurait dû être. Une sorte de va et vient entre illusion et réalité et vice-versa, mais toujours avec une légèreté sérieuse ou peut-être une sérieuse légèreté (jouons sur les mots et cultivons l'ambiguïté!).



"Manuscrit zéro" de Yoko Ogawa
Au bout de deux nouvelles je savais que j'allais aimer ce livre de "RIEN". Je me souviendrais précisément de quelques récits et j'oublierais les autres. Aucune importance, cela fait partie du jeu du recueil de nouvelles : ce que l'on conserve et ce que l'on oublie. Aucune importance dès le début car le livre a eu assez de force pour me captiver (me capturer, me rapter) et me mener chemin faisant dans ses univers où la magie ordinaire s'imbrique dans le réel (non dans la banalité du réel). Le paradoxe est que la magie est si naturelle qu'elle a vraiment sa place dans le réel sans que la moindre question vienne à être posée, sans que le moindre doute affleure le moins du monde. La sensation diffuse d'entrer dans un univers fantasmatique et d'y rester ou tout au moins d'y séjourner relié par mille indices venant prendre naturellement leur place dans la réalité. C'est encore toute l'habileté de l'auteure qui permet ce tour de force tout en douceur.

Un petit vrac sans prétention mais avec des impressions sur le vif qui devraient susciter des envies de lecture (espérons-le).

dimanche 17 juillet 2011

Rotation

moment de silence
lumière de serre chaude qui apaise
émergence d'un bruit parasite


qui grandit grandit grandit
qui fait comme un masque
en bourgeons de mots
dont les sons s'organisent
en boutures de phrases
et qui se transforment

en squelettes de lettres
en parcelles de sens
en charpie de textes

en bribes de choses pensées
qui soudain disparaissent
dans une ondulation de l'air
          
le silence encore...

ses mots
les miens les vôtres
tôt arrivent de partout
s'en vont sans revenir
                                
                                 dans les brassages vifs

                                 les tiens les nôtres
                                 et partent nulle part
                                 s'en reviennent en vie
                                 de tous les lieux vivants

                                 où ils vivent encore...

Photo de El Gato

samedi 16 juillet 2011

Plissé

Repliée elle se met à l'abri. Elle se replie dans les plis de sa jupe plissée et jouit du froissement moiré de ses jambes croisées sous les plis complices de ce tissu plié, de ses froissements d'yeux, de ses fines plissures au bord de ses paupières, du régulier plissage de  ses plaisirs satisfaits.


Photo de mhaleph

samedi 15 janvier 2011

Art Ephémère


Art éphémère. A perte de corridor l’œil glisse sur des panneaux de béton brut. Abîmé par le temps souterrain. Corrodé par le gaz carbonique des respirations meurtrières. Attaqué par la gale humide des infiltrations corrosives. A perte de pas le motif se construit et s’impose à l’œil fuyant qui cherche à lisser les aspérités récurrentes du hasard ordinaire.

Photos de maleph

mercredi 12 janvier 2011

Kontakthof

"Kontakthof", lieu de rencontre, créé en 1978 par Pina Bausch pour sa troupe du Tanzthéater de Wuppertal sera repris deux fois encore sous sa direction. En 2000 puis 2008 par des amateurs de 65 ans puis de 14 à 18 ans.
Trois versions pour trois visions d'un même thème adapté à l'âge et au vécu des danseurs. La dernière version, filmée par Ann Linsel et Rainer Hoffmann, nous revient dans "Les rêves dansants sur les pas dePina Bausch" avec beaucoup d'émotions. Chacun se cherche, se perd, se trouve, se découvre, se retrouve dans ce ballet-théâtre. Tous investis avec leur naïveté, leurs élans, leurs hésitations, leur candeur, leurs doutes, leurs certitudes, leurs désirs d'inconnu et de surprise, se déploient.
Toute une palette mouvante de désirs adolescents qui vont et qui viennent 1h40 durant, entre rencontre, répétitions, paroles confiées, pauses, travail du corps, de la voix, des sensations et des émotions sous la tutelle bienveillante de Jo Ann Endicott et de Bénédicte Billiet.


De Pina Bausch, quelques apparitions, fermes et souriantes, pour finaliser cet ensemble si disparate et offrir au public un "Kontakthof" au souffle renouvelé par la jeunesse de ses comédiens-danseurs, mais peut-être déjà faussement juvénile.