dimanche 20 avril 2008

Amos Oz

Écrivain thaumaturge qui s'empare des visages croisés au quotidien et qui les transforme en autant de vies possibles, écrivain critique qui n'épargne ni le monde codé des snobismes littéraires, ni les discours creux, ni ses propres complaisances, "l'auteur" dans "Vie et mort en quatre rimes" va et vient mentalement entre une réalité éprouvante et un onirisme éveillé au cours de la présentation d'un de ses livres dans un centre culturel de Tel-Aviv.

De la réalité décevante de la salle, il tire des histoires à partir de l'intime, à partir de détails observés chez les assistants. Il mêle ainsi progressivement au réel des histoires inventées, "des vivants sans entrailles" selon le mot de Valéry, des possibles multiples et improbables qui bifurquent sans arrêt. C'est pour lui le moyen d'échapper au ridicule de situations convenues comme la conférence littéraire ou la lectrice que l'on raccompagne à sa porte avec quelqu'espoir après une promenade nocturne. C'est aussi le moyen de se moquer des discours attendus de lui, l'auteur adulé et encensé. "L'auteur" met ainsi en jeu l'écrit en s'interrogeant sur le bien fondé de l'écriture, sur les motivations qui le poussent à écrire sans cesse, à s'emparer de tout et de chacun, à transformer et à mettre à distance pour se sentir "habité" momentanément par ses créatures. Une vie dans la vie. Celle de l'écrivant plus vraie et plus aboutie que la vraie vie... Chercher l'erreur...avec humour. C'est à une incertaine navigation littéraire que nous convie Amos Oz avec un goût de la facétie qui rend léger ce qui aurait pu devenir pesant...