jeudi 28 février 2008

Le Mahj


Jusqu'au 25 mai, le Musée d'art et d'histoire du judaïsme, au 7/5 rue du Temple dans le IIIème, présente le travail photographique de Barry Frydlender : "Israël : Présent Composé".

Difficile de visualiser en un seul regard la plupart des photographies panoramiques exposées. L'oeil, comme un grand angle, a beau étendre son champ de vision simultanément de gauche à droite et vice versa, il n'arrive jamais vraiment à tout englober et se voit donc contraint de balayer l'image d'un point à un autre, de se fixer sur des détails ou des parties de scènes ayant retenu son attention. De ce fait, l'image devient "englobante". Elle semble vous entourer et vous inviter à entrer en un point ou plusieurs du "tableau photographique". Etrange et déconcertante approche visuelle de ces images en couleur où la lumière souveraine et maîtrisée crée le plus dans l'atmosphère.

Barry Frydlender donne à voir non seulement une société de la proximité ethnique au quotidien, mais encore un univers fragmenté où les limites s'inscrivent en creux dans la vie de chaque jour. Un monde de la tension palpable où la violence même dans les désirs de paix reste encore présente en filigrane. Un beau regard, vrai et sans fioriture.



Si je devais retenir une photographie parmi l'ensemble je choisirais sans hésitation "Tel Aviv en hiver" de 2003.

mardi 26 février 2008

Guillermo Cabrera Infante


"Trois Tristes Tigres" de Guillermo Cabrera Infante



Voici le livre le plus époustouflant que j’aie lu depuis bien longtemps. Tournant en rond dans La Havane de années 50, plusieurs acolytes, dont Sylvestre, Arsenio Cué et Bustrofedon, tracent le paysage mental de leurs déambulations circulaires au moyen d’une langue extravagante et délirante, qui, de fil en aiguille, de lisse en trame et vice versa, du coq à l’âne, de but en blanc, avec un cynisme dérisoire toujours teinté de l’humour le plus caustique, spirale sans prévenir vers les aubes renaissantes du Malecón giflé par les caresses acerbes de la mer Caraïbe dans son ultime ligne droite, alors qu’installés à l’arrière de la dernière belle américaine, nous croyions pouvoir avec nonchalance savourer les douceurs si promises des îles où l’on rêve. Un plaisir absolu, enfin, et garanti pour tous ceux qui de la langue aiment les embardées, les chaos et les embuscades, les creux et les bosses, orchestrés comme un magnifique feu d’artifice.

lundi 25 février 2008

La MEP


Jusqu'au 30 mars 2008, la Maison Européenne de la Photographie présente, au 5/7 de la rue de Fourcy dans le IVème, quatre photographes dont deux m'ont particulièrement interpellée. Edouard Boubat (1923-1999) que je connaissais déjà assez bien notamment par ses portraits ethniques et sa série sur Leila et Shoji Ueda (1913-2000) que je connaissais à peine et seulement à travers sa célèbre série sur les dunes.

Si je ne devais retenir que quelques photos d'Edouard Boubat je dirais sans hésiter "Stanislas à la fenêtre" et la série des "Autoportraits".

Si je ne devais citer qu'une ou deux photos de Shoji Ueda je nommerais sans hésiter "Surfaces enneigées" et "Lac", deux merveilles graphiques très proches de la peinture.

Un bon détour vers l'image dans un quartier agréable.

jeudi 21 février 2008

Un petit tour à Beaubourg n°5


A la découverte des ateliers de Beaubourg



L'ateliers des emballeurs




Aujourd'hui, le petit groupe a été invité à visiter trois des nombreux ateliers de Beaubourg situés au plateau -2, au-dessous du niveau de la Seine toute proche et sur toute la longueur du bâtiment. Des lieux cachés. Des lieux invisibles. Des lieux inconnus du public. Descendre dans les ateliers, c'est entrer dans le coeur du musée car c'est là qu'arrivent et c'est de là que partent les oeuvres. Aucune zone de stockages à long terme à Beaubourg même, d'où l'importance de l'atelier des emballeurs. Chaque oeuvre ayant ses spécificités devra donc avoir son emballage propre pensé, dessiné, mis en oeuvre et en forme de manière unique. Ici, aucun emballage standard, préétabli car chaque oeuvre demande un soin particulier pour être transportée et stockée. Attention à la casse!


L'atelier des rénovations électriques




Plus loin, l'atelier des rénovations électriques réservera bien des surprises. L'Art Contemporain est friand en effet d'installations électriques et leurs rénovations peuvent parfois devenir un véritable challenge. Une oeuvre comme "La robe de lumière" (photo ci-dessus) peu représenter un véritable casse-tête. Cette oeuvre datant du début des années 70 n'est plus aujourd'hui conforme aux normes de sécurité. La rénovation entreprise va devoir se faire au mieux techniquement tout en respectant l'esthétique de l'oeuvre. Elle se fait donc en relation avec l'artiste si cela est encore possible. Sinon la règle de base est le respect absolu de l'oeuvre dont l'aspect ne doit être en aucun cas "modifié". Ce travail demande une compétence, de l'astuce, de l'imagination, de la réflexion et des recherches approfondies sur l'oeuvre à rénover. Les fiches techniques n'existant pratiquement pas voire jamais (les artistes restent des artistes ;-) le travail peut s'avérer souvent long, difficile et délicat.


L'atelier des encadreurs



Ce parcours s'est terminé par la découverte de l'atelier des encadreurs. Plus classique, cet atelier encadre bien entendu des peintures et des photographies, mais aussi des installations de petits objets. Les cadres sont élaborés soit à partir d'un catalogue de modèles très diversifiés quant aux formes et aux matières, soit à partir d'un croquis proposé par l'artiste qui a déjà "une idée" de ce qu'il voudrait. Dans ce dernier cas, le cadre devient alors une pièce unique et une création à part entière. Les encadreurs sont aussi amenés à rénover certains cadres ou à les reproduire à l'identique s'il sont trop abîmés.



Une oeuvre spontanée de l'atelier des encadreurs
Le groupe


Enfin, avant de quitter le plateau -2 et de remonter à la lumière du jour, l'une des indispensables balances des ateliers afficha 850 kg de questions et d'attention prêts à revenir d'ici peu!

lundi 18 février 2008

Amos Oz



"Seule la mer" de Amos Oz

Difficile de ranger ce livre dans une catégorie bien précise. Pourquoi le ranger d’ailleurs ? Il surprend, il intrigue et se laisse lire enfin par petites touches curieuses comme un beau texte expérimental.
La surprise passée, il vous emporte littéralement de vers libres ou rimés en prose poétique et de prose en poésie, entrecroisant les histoires ordinaires d’Albert le veuf inconsolé, de Nadia la morte toujours présente, de Rico-David le fils ingrat et vagabond qui cherche sa voie, de Dita la très libre et très trouble amie de Rico, de Bettine qui veille.
Toutes ces voix à la fois multiples et singulières s’entrelacent sans arrêt, se font et se défont sans cesse. De fausses digressions en ruptures narratives le livre entremêle les réseaux de pensées complexes des personnages et de l’auteur-narrateur qui prend contact avec ses créatures et qui devient partie prenante de sa propre fiction en y entrant à part entière.
C’est un parti pris d’originalité qui ne peut laisser le lecteur indifférent. "Seule la mer" reste donc intrigant et insolite jusqu’au bout.