jeudi 20 juillet 2006

De fil en aiguille

Le hasard, dont on dit qu'il fait assez bien les choses, me mit en présence d'un fruit très exotique, très prisé et d'un prix très abordable (bien que relatif car dépendant de la place occupée dans l'échelle des salaires). La mangue donc, et plus précisément cette mangue, mûre à souhait, présentait un noyau éclaté propice à l'exercice circonstancié de la main verte. Sans grand espoir de voir poindre un jour le moindre végétal, je mis en terre le coeur du sujet et l'exposai sous serre dans une moite humidité. Pourtant, contre toute attente, au bout de quelques jours et avec une extravagante rapidité, la "mangue" dont le nom apparut au XVIIème siècle emprunté à "manga" (rien à voir avec les BD japonaises) mot portugais du XVIème siècle venant lui-même du tamoul (langue du sud-est de l'Inde) "mân-gay" soit nom de fruit, se mit à pousser par étapes successives très visibles d'un jour à l'autre: apparition d'une racine maîtresse, développement spectaculaire d'une solide tige, ouverture de larges feuilles en parasol. On appréciera l'ambiguïté originelle de ce fruit pulpeux et suavement parfumé. De fait, coquetterie ou hasard, l'indifférenciation du genre le poursuivit assez longtemps jusqu'au milieu du XVIIème siècle. A ce moment-là, abandonnant l'indécision du neutre ( honni en français), il se fixa définitivement dans le féminin. Quant à savoir si cette mangue-là produira un jour des fruits!...

Photo de mhaleph


L'énergie en question

Dans l'idéal, on dit assez souvent que savoir " bien identifier un problème permet de le résoudre facilement et rapidement."
Ce me semble rester de l'ordre du souhait plus que de l'assertion même si la forme syntaxique de la citation dément ce qui vient d'être écrit. Dans la réalité, les problèmes de toutes natures individuels ou collectifs ne peuvent être résolus efficacement que lorsqu'on en a véritablement le désir. Nous aurons beau identifier clairement un problème à résoudre, nous n'avancerons guère correctement si notre envie de résolution reste finalement secondaire. Une autre fois, peut-être. Question de vouloir et d'énergie. Pourtant, comme la situation ne peut rester indéfiniment bloquée et qu'elle doit avancer coûte que coûte, vient toujours un moment où l'on finit par mobiliser son énergie efficacement, mais en jouant cependant malignement sur un temps différé. On peut bien vouloir, oui, résoudre quelques problèmes, - pas tous car une vie limpide ne serait plus intéressante - mais sans trop se presser, à la manière douce et non à vitesse explosive.

Photo de mhaleph


mardi 18 juillet 2006

Cinquante ans après

Avez-vous lu les récits de "L'Anaphalbète" de Agota Kristof ? Si ce n'est pas le cas, osez tendre la main vers ses fragments autobiographiques qui se lisent comme de petits tableaux ouverts fermés en alternance. Rien de formel. Mais un thème récurrent, celui de l'affrontement quotidien avec la langue. Non pas celle de là-bas en Hongrie qui, peu à peu, depuis cinquante ans, se perd dans les bois de l'autre, de celle-ci, du français, gardien farouche de ses mystères, suscitant toujours des interrogations, supposant de l'acharnement, mais s'échappant cependant, malgré tous les stratagèmes mis en oeuvre pour "le maîtriser". C'est une lutte incessante. Une bataille de chaque instant. Un véritable corps à corps, sans fin et sans concession pour être et entrer dans le monde. En allant à l'essentiel, cette auteure a fait ses choix, à la manière sartrienne, peut-être, car ne pourrait-elle pas dire: " Je suis ce que je fais."

Photo de mhaleph

mercredi 12 juillet 2006

Réminiscences

Les chevelures se mêlent et se confondent. Vision cliché mettant en évidence l'inanité des exhumations. Mise en scène des mèches (les rubans en moins) annulant toutes les chronologies possibles généralement établies par les documents identitaires officiels (fort nombreux) qui enclosent, ou plutôt qui enserrent, tout un chacun, implacablement . Avoir sacrifié à la banalité de la démarche (la larme à l'oeil) qui consiste à conserver une ultime parcelle de vivant (qui ne l'est déjà plus) et selon laquelle on embaume les morts (et parfois les vivants) tout en sachant pourtant qu'on est entré dans la comédie du malheur qui ne nous accablera cependant pas toujours. (Combien de temps: jours, mois, années ?) Qu'importe. Ce qui compte c'est de le savoir. Ce qui reste, après, c'est la conscience du recul pris même si l'on retrouve parfois des mèches emmêlées (devenues accessoires) oubliées au fond d'un tiroir.

Photo de mhaleph

mardi 11 juillet 2006

Le saviez-vous ?

"Il grugeait habilement les huitres." lis-je au détour d'une page. Le contexte me permit de deviner qu'il s'agissait d'un synonyme de gober. Dictionnaire étymologique à l'appui, je vérifiai et trouvai ceci."Gruger" vient du néerlandais gruizen soit "écraser", d'où grût, le "gruau".
Deux sens apparaissent au XVIIème siècle:
1- Les sens propres du XVI ème siècle, de "réduire en grains" ou de "briser avec les dents" , qui deviennent progressivement "croquer", puis "manger" et enfin "avaler" au XVIIème siècle. "Perrin [...] ouvre l'huitre et la gruge." La Fontaine
2- Le sens figuré de "duper", "dépouiller", "voler" considéré comme moderne et littéraire qui efface les sens propres dans le français européen (une variante de "gruger" dans le sens de "grignoter" subsiste cependant au Québec).
Il semblerait que depuis quelques décennies déjà, une nuance familière soit apparue. Elle serait l'équivalent de l'argotique " faire carotte".

Photo de mhaleph

lundi 10 juillet 2006

L'outil












Suffit-il de prendre l'outil
Pour produire sans vil méandre
Dans un cahier neuf tout fringant
Posé bien ouvert sur la table

Un texte qui serait lisible
Encore que de peu de sens
Sinon visible au moins par des
Lunettes mille fois chaussées

Déchaussées lors de ces veillées
Etroites où battent enfin vite
Les tempes alors déchaînées

Par les idées néants ouverts
A l'afflux persistant du vide
Aux insalubrités patentes


Photo de mhaleph

dimanche 9 juillet 2006

10x15

Dans une farfouille à livres s'étendant sur les trois étages d'un profond hangar qui aurait pu être une antique écurie, un ancien garage ou une vieille fabrique, un petit Voltaire, 10x15, éditions Pizzi, imprimerie Foch 1930, sortit de l'ombre dense et poussiéreuse entre un polar à deux sous et un Colette voisinant avec un Boris Vian.
Au fond de ce temple du livre d'occasion, "La Princesse de Babylone", hasard inattendu, bien sûr, et plein de magie, apparut. Ce fut alors le moment de renouer avec le conte philosophique si prestement écrit par Voltaire pour répandre largement ses idées de manière accessible. Cette petite histoire est un conte oriental dans la tradition du rebondissement cher aux "Mille et une nuits" avec princesse, prétendants, cadeaux fabuleux, chausse-trapes, amour contrarié et tutti quanti qui, d'une écriture stylée et précise, nous achemine peu à peu mais avec fermeté vers un panégyrique de la tolérance, du pacifisme, de la liberté de pensée, de la raison et de l'égalité contre tous les excès, tous les abus de pouvoir, toutes les barbaries, tous les préjugés et toutes les superstitions.Rien de très neuf certes du côté de Voltaire, mais le plaisir de se rappeler qu'il mit sa plume au service de la vérité et qu'on peut en peu de mots (re)faire le tour de son univers grâce à des textes courts et plaisants pleins d'humour et d'ironie.


Photo de mhaleph

samedi 8 juillet 2006

Ouverture

Premier essai pour ce blog
Sous le signe de la bonne humeur

Malgré quelque pensée maussade
Vite étouffée cependant
Par d'éclatantes couleurs
Claquant comme des oriflammes
Dans l'air brûlant saturé
D'images de phrases



Photo de mhaleph