jeudi 20 juillet 2006

De fil en aiguille

Le hasard, dont on dit qu'il fait assez bien les choses, me mit en présence d'un fruit très exotique, très prisé et d'un prix très abordable (bien que relatif car dépendant de la place occupée dans l'échelle des salaires). La mangue donc, et plus précisément cette mangue, mûre à souhait, présentait un noyau éclaté propice à l'exercice circonstancié de la main verte. Sans grand espoir de voir poindre un jour le moindre végétal, je mis en terre le coeur du sujet et l'exposai sous serre dans une moite humidité. Pourtant, contre toute attente, au bout de quelques jours et avec une extravagante rapidité, la "mangue" dont le nom apparut au XVIIème siècle emprunté à "manga" (rien à voir avec les BD japonaises) mot portugais du XVIème siècle venant lui-même du tamoul (langue du sud-est de l'Inde) "mân-gay" soit nom de fruit, se mit à pousser par étapes successives très visibles d'un jour à l'autre: apparition d'une racine maîtresse, développement spectaculaire d'une solide tige, ouverture de larges feuilles en parasol. On appréciera l'ambiguïté originelle de ce fruit pulpeux et suavement parfumé. De fait, coquetterie ou hasard, l'indifférenciation du genre le poursuivit assez longtemps jusqu'au milieu du XVIIème siècle. A ce moment-là, abandonnant l'indécision du neutre ( honni en français), il se fixa définitivement dans le féminin. Quant à savoir si cette mangue-là produira un jour des fruits!...

Photo de mhaleph


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