mardi 18 juillet 2006

Cinquante ans après

Avez-vous lu les récits de "L'Anaphalbète" de Agota Kristof ? Si ce n'est pas le cas, osez tendre la main vers ses fragments autobiographiques qui se lisent comme de petits tableaux ouverts fermés en alternance. Rien de formel. Mais un thème récurrent, celui de l'affrontement quotidien avec la langue. Non pas celle de là-bas en Hongrie qui, peu à peu, depuis cinquante ans, se perd dans les bois de l'autre, de celle-ci, du français, gardien farouche de ses mystères, suscitant toujours des interrogations, supposant de l'acharnement, mais s'échappant cependant, malgré tous les stratagèmes mis en oeuvre pour "le maîtriser". C'est une lutte incessante. Une bataille de chaque instant. Un véritable corps à corps, sans fin et sans concession pour être et entrer dans le monde. En allant à l'essentiel, cette auteure a fait ses choix, à la manière sartrienne, peut-être, car ne pourrait-elle pas dire: " Je suis ce que je fais."

Photo de mhaleph