mardi 26 février 2008

Guillermo Cabrera Infante


"Trois Tristes Tigres" de Guillermo Cabrera Infante



Voici le livre le plus époustouflant que j’aie lu depuis bien longtemps. Tournant en rond dans La Havane de années 50, plusieurs acolytes, dont Sylvestre, Arsenio Cué et Bustrofedon, tracent le paysage mental de leurs déambulations circulaires au moyen d’une langue extravagante et délirante, qui, de fil en aiguille, de lisse en trame et vice versa, du coq à l’âne, de but en blanc, avec un cynisme dérisoire toujours teinté de l’humour le plus caustique, spirale sans prévenir vers les aubes renaissantes du Malecón giflé par les caresses acerbes de la mer Caraïbe dans son ultime ligne droite, alors qu’installés à l’arrière de la dernière belle américaine, nous croyions pouvoir avec nonchalance savourer les douceurs si promises des îles où l’on rêve. Un plaisir absolu, enfin, et garanti pour tous ceux qui de la langue aiment les embardées, les chaos et les embuscades, les creux et les bosses, orchestrés comme un magnifique feu d’artifice.

2 commentaires:

jj a dit…

oulala-lala!!! je crois que je ne vais pas me laisser tenter par "Trois Tristes Tigres" et finir tranquilement "L'éléphant s'évapore" de Haruki Murakami (j'avais apprécié le précédent : "le Passage de la Nuit")

mhaleph a dit…

à Michèle

La langue de Cabrera Infante est jubilatoire et ludique, un vrai labyrinthe ou les mots ricochent sans arrêt : esprit trop cartésien s'abstenir. Avec Murakami le risque est moindre quant au débridage linguistique, en revanche il peut aussi faire pas mal voyager à sa manière en jouant sur le registre de l'irréalité comme dans "Kafka sur le rivage" parmi d'autres...