mercredi 24 août 2011

Côté salles obscures


une brusque envie de ciné pourquoi pas La piel que habito le dernier Almodóvar
après une introduction énigmatique dans laquelle nous découvrons une jeune femme sans nom séquestrée étroitement surveillée par vidéo intrusive soumise à d'étranges séances chirurgicales (voir synopsis en bas de page) prisonnière d'un monde clos vérouillé (presque) parfait où rien ne doit entrer ni sortir comme rien ne semble entrer ni sortir de Roberto (savant illuminé obsessionnel) Almodóvar cultive l'art de l'analepse au compte-goutte en distillant quelques flashs back salvateurs qui permettent d'élaborer du sens on comprend enfin quels liens unissent et/ou désunissent les personnages de Véra et Roberto (entre autres)
l'extrême tension ( Louise Bourgeois nous guette au coin du bois encore) n'a d'égale que l'extrême jouissance qui traverse Roberto sans doute (hypothétique mais probable)
à devenir M/maître d'un/une autre heure/leurre de la toute puissance aussi mais à ce jeu-là le psychisme et les affects de Vicente/Véra finissent par ménager le coup de théâtre qu'on n'attendait... presque plus et par lui échapper
belle esthétique belle plastique mesure et maîtrise d'un Almodóvar aux bords bien gommés loin des impétueux débordements esthétiques tension dramatique garantie égratignée parfois mais à peine par quelque personnage incongru sinistre et stupide
si la peur doit nous habiter elle n'est pourtant que subreptice mais incidieuse et continue inquiétude peur angoisse frayeur sourde créée par le climat "clinique" (sans jeu de mots) d'un univers inhabituel terreur peut-être aussi mais qui sait vraiment ce qui nous traverse
le trouble s'invite et s'installe durablement
interrogation identitaire anéantissement acceptation faussement consentie mais si crédible rejet différé transexualité ici forcée (clandestine) et ce malaise de l'après qui nous taraudera
vivre mais comment quand on se retrouve à son corps défendant dans la peau d'un/une autre ou bipolarité native enfin symboliquement admise et dévoilée par les subterfuges de ce conte moderne dont le thaumaturge plus naïf que prévu ne saura pas mesurer toute l'ambivalence masquée qu'il a engendrée



Synopsis Allo Ciné : Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau : sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable cuirasse contre toute agression, tant externe qu’interne, dont est victime l’organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu’offre la thérapie cellulaire.
Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé, il en est tout simplement dénué. Marilia, la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye…

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