mercredi 12 septembre 2007

Ni d'Eve ni d'Adam

Lu dernièrement entre deux rames de métro, le dernier Amélie Nothomb qu'on venait de m'offrir. Cadeau sulfureux (sans vouloir faire de mauvais esprit) à manier avec des pincettes, me dis-je, tant ses livres, la plupart du temps indigents, valaient pour moi le néant absolu. Des ouvrages qui ne s'impriment pas dans ma tête et que je ne lis éventuellement que si j'ai du temps à perdre ( il faut croire que c'était le cas!), que si une bonne âme m'en prête ou m'en offre un. Précisons cependant, que le cadeau était exceptionnel car l'intrigue d'inspiration autobiographique se situait au Japon. En effet, après avoir longuement précisé que je zappais systématiquement Amélie Nothomb en raison du peu de consistance de sa prose, j'ajouterai toutefois qu'il existe l'exception asiatique ou les livres écrits en relation avec cette expérience d'enfance. Un univers qui l'a marquée en Chine et au Japon et dont elle a su tirer quelque chose d'intelligent et de novateur. Je pense bien entendu aux livres suivants: "Le sabotage amoureux" (période chinoise), "Stupeurs et tremblements" (dont le film qui en a été tiré est tout à fait appréciable) et "La métaphysique des tubes" (période japonaise).
"Ni d'Eve ni d'Adam" appartient à la même mouture que les ouvrages précédemment cités, mais en moins élaboré du point de vue narratif. On ne peut cependant pas lui enlever une verve maligne autodérisoire qui ne manque pas d'entrain et qui peut sinon séduire tout au moins faire avantageusement sourire et rendre agréable et sympathique cette lecture. Peut-être y a-t-il quelques passages un rien surfaits ou idéalisés, mais l'ensemble reste tout à fait honorable. En effet, Amélie Nothomb manie enfin savamment et humoristiquement la plume dans un certain souci d'authenticité (elle sonne sans doute vraie), lorsque le "je" mis en jeu a la vedette. Elle ne semblerait en fait bien produire que dans ces conditions réunies. Cependant, sauf à faire preuve dans l'avenir d'imagination et d'audace, la veine asiatico-autobiographico-littéraire risque de s'épuiser.
L'amour immense et fantasque qu'elle voue au mont Fuji et à la nature nippone, le parti pris de fantaisie qu'elle adopte pour parler du Japon via le personnage de Rinri, entre autres, entretiennent une prose sautillante qui nous entraîne légèrement dans les réalités sociales et culinaires du pays du Soleil Levant, sans parler des quiproquos permanents qui pointent à l'horizon de la langue et de la relation amoureuse. Elle fait donc ainsi de cette histoire (à découvrir) un petit roman (écrit gros) qui se lit sans animosité "en deux coups de cuillères à pot". Un bon divertissement.

Photographie de mhaleph : Adam et Eve, angle du Palais Ducal, Venise

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je l'ai acheté la semaine dernière avec une hésitation... mais ton commentaire l'a levée!!
As tu lu "Mal de pierres" de Milena Agus?.... malgré la difficulté de connaître les goûts des autres ; je pense, sans trop m'avancer, que ce livre devrait te plaire..
Michèle D

Anonyme a dit…

J'en ai enfin fini avec Eve et Adam, avec Amélie et Rinri...et donc avec ni d'Eve ni d'Adam...J'ai apprécié le livre jusqu'à l'expédition d'Amélie ,seule, dans la tempête de neige sur le mont Fuji. Jusque là, le style me convenait ainsi que l'humour, le récit de sa vie sans trop de délayage.
La description de son aventure dans la montagne enneigée, la tourmente et le froid me fut assez agréable à lire malgré des signes avant coureur d'agacement tels que "les fantasmes érémitiques ( fort heureusement,j'ai un dictionnaire) générés par la promiscuité de la vie tokyoïte dont l'altitude constituait la soupape idéale" (--je cite--)
Aprés , j'ai décroché.....
Sur ce, lecture agréable mais sans émotion.