samedi 22 mars 2008

Au cours d'une balade

Voici deux pancartes insolites qui m'ont interpellée et fait sourire cet après-midi au cours d'une balade dans les "villas" ou "allées", c'est à dire, "ruelles" de la Mouzaïa.
La première, "Chat lunatique", m'a immédiatement fait penser à mes deux fauves "orgueil de la maison" "au sourire vertical" qui mènent leur vie comme bon leur semble et dont le comportement reste généralement imprévisible.
La deuxième, "A vendre, miel de Paris", m'a bien entendu rappelé les abeilles de l'Opéra. Je ne sais si la pancarte était le vestige d'une activité ancienne ou si elle recouvrait une réalité présente, mais dans les deux cas et compte tenu des nombreux jardinets et de la proximité du Parc des Buttes Chaumont, il n'était pas impossible qu'on ait vendu ou qu'on vende encore du miel à cet endroit.
Ce quartier, très joli, surtout au printemps, en été et en automne, est essentiellement constitué de maisons à jardinets serrées en pente douce les unes contre les autres. Au XIXème siècle, les collines de Chaumont et de Belleville (autrefois Bellevue pour la vue panoramique que l'on avait sur tout Paris) étaient des carrières de gypse, dont une partie des blocs expédiée aux USA servit à construire La Maison Blanche à Washington et sûrement une partie des cast-iron buildings (ancêtres des premiers gratte-ciel à ossature d'acier) à New York. Toute cette partie du 19ème arrondissement s'appelait d'ailleurs "le quartier d'Amérique" et une "rue des carrières d'Amérique" témoin de cette époque existe toujours. Ce gypse a également servi à construire les immeubles haussmanniens des quartiers centraux de Paris.
Lorsque l'exploitation des carrières cessa, les collines furent transformées. Celle de Chaumont fut intégrée au Parc du même nom conçu sous les directives de Napoléon III. Celle de Belleville fut utilisée comme terrain à bâtir et vendue par lot à une population modeste à laquelle la commune permit la construction de maisons avec un rez-de-chaussée et un étage, pas plus, en raison de la fragilité du terrain. En effet ces collines évidées ne pouvaient supporter des bâtiments trop importants, trop lourds et trop élevés. Les jardins, dont chaque habitation est pourvue, étaient à l'origine des jardins potagers et fruitiers qui amélioraient l'ordinaire des familles et dans lesquels on élevait également des poulets et des lapins dans des poulaillers et des clapiers.
L'autosuffisance alimentaire en milieu urbain disparue a laissé place à des jardins d'agrément enserrant aujourd'hui des maisons rénovées, agrandies et embellies. Enclaves bucoliques regorgeant de verdures, de fleurs, de parfums et de chats, elles sont cependant fort chères. La campagne à Paris se vend à prix d'or!