mercredi 20 août 2008

La môme Xiao de Tao Peng

Hier, je suis allée voir "Xue Chan" soit "La môme Xiao" du jeune réalisateur chinois Tao Peng. Un film d'une simplicité redoutable et désarmante qui fait froidement le constat clinique du trafic d'enfants infirmes vendus, revendus et exploités pour la mendicité d'une part, le constat du trafic lucratif d'organes "frais" qui s'exerce sur des êtres naïfs et sans défense, adolescents et jeunes adultes le plus souvent déracinés, d'autre part.
C'est en suivant la cadence des pas syncopés de ses personnages (tous acteurs non-professionnels), caméra au poing et à l'épaule, que Tao Peng, en plans serrés, mouvants et baladeurs dans la lumière naturellement glauque de ces villages et de ces villes de Chine à l'abandon, choisit de "dénoncer" ou tout au moins a la volonté de "montrer" l'envers du décor.


Dans cette Chine profonde, régie par les gangs et les petits caïds de quartiers ressemblant à s'y méprendre à d'honnêtes travailleurs pauvres, Luo, le père adoptif de la fillette, tente sa chance en pratiquant une activité illicite, soit la mendicité par enfant interposée. C'est la misère ordinaire matérielle et morale que Tao Peng suit pas à pas avec une économie de paroles et de musique qui décourage l'éclosion du moindre pathos. Pourtant, c'est aussi cette absence de mots et de musicalité, cette déambulation urbaine de la mendicité professionnelle symbolisée par "Xiao" (Petit Papillon) la fillette invalide transportée sur le dos de Guihua sa mère adoptive, cette guérison improbable, cette vie brisée, cet avenir barré qui remuent progressivement, puis brassent sans arrêt des pensées moroses dans la tête des spectateurs qui ne peuvent finalement et malgré tout qu'éprouver une compassion profonde pour cette enfant condamnée que le régime (lointain dans cet univers) ne semble pouvoir prendre correctement en charge, pas plus qu'il ne secourt le petit manchot, un de ses compagnons d'infortune.


Enfant-objet ou enfant-poupée, infirme incurable, "Xiao" est vouée à l'abandon comme nous le savons (déjà) intuitivement à l'ouverture du film. Une tranche de Chine à l'état brut, celle qu'on ne voit jamais dans les reportages officiels, celles qui "en coulisse" existe... aussi...

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