jeudi 26 juillet 2007

Le français en question

Lorsque je traverse une gare, je suis souvent tentée de jeter un coup d'oeil au kiosque Relay pour y acheter in extremis un livre de dernière minute qui ira rejoindre ceux qui sont déjà dans mes bagages. Début juillet à Montparnasse, je suis soudain tombée en arrêt devant "Conversations sur la langue française" de Pierre Encrevé et Michel Braudeau. Une lecture rapide de la quatrième de couverture m'a décidée à sauter le pas et à l'acheter. Je ne l'ai pas regretté et j'ai passé une partie du voyage et les jours suivants à lire ces quelques pages.
Ce livre qui, grâce à sa volonté d'explication et de clarté, s'adresse à tous ceux qui pratiquent le français ou plus précisément les français, devrait tout particulièrement intéresser les enseignants, les écrivains et les linguistes. Chacune des cinq conversations qui a lieu entre le maître linguiste et son ancien élève devenu écrivain se déroule (d'une manière un peu surfaite sans doute) dans un des grands jardins et parcs de Paris. L'ensemble forme cinq chapitres.
Au cours de cette balade verte, les auteurs, par un jeu de questions et de réponses, abordent la langue dans son extrême variété en diachronie et en synchronie, en mettant tout particulièrement l'accent sur la grande complexité du français qui n'est pas un mais multiple. C'est ce parti pris de considérer la francophonie dans sa "grande diversité" sans l'enfermer dans les codes étroits du "bon usage" de la langue qui a retenu mon attention.
Ce livre se lit, se relit, se feuillette à l'endroit et à l'envers, dans l'ordre et le désordre avec toujours la pensée qu' " il n'y a pas de certitudes, même grammaticales" comme l'écrit Marcel Proust à Mme Straus dans leur Correspondance (Poche n°3115). Entre grandeur et décadence, le français est-il une langue en voie de perdition comme l'affirme la rumeur? Rumeur sans doute bien mal fondée et très exagérée puisque ce sont 80 millions de francophones qui le pratiquent, l'enrichissent et le font évoluer.
Optimistes, Pierre Encrevé et Michel Braudeau ne perdent jamais de vue, et nous avec eux si nous sommes prêts à les entendre, que rien ne se fige dans la langue et que tout évolue. Une belle leçon de franchise réfléchie et d'ouverture. A méditer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le hasard fait bien les choses:trouver le bon livre au bon moment. Mis à part parfois le côté un peu artificiel de ces conversations trop bien construites (personne n'est parfait!), j'ai apprécié moi aussi ce livre qui parle de la langue clairement et sans fermeture comme vous le dites. Il m'a redonné goût à la linguistique.