jeudi 1 novembre 2007

De la photographie

Vidéo de mhaleph : Environnement Sonore dans l'escalier de l'exposition Edward Steichen



Hier, il faisait relativement beau. Une journée parfaite pour sortir entre quelques rayons de soleil pâles, quelques bouffées de vent apaisées, quelques gouttes de pluie attardées. Mes pas m'ont portée jusqu'au Jeu de Paume, place de la Concorde, où j'ai pu m'immerger presque trois heures durant dans l'exposition dédiée à Edward Steichen (1879-1973) peintre et photographe américain originaire du Luxembourg. Steichen, influencé par le symbolisme dans le première partie de sa carrière artistique, traversa plusieurs périodes photographiques après avoir abandonné définitivement la peinture dont il ne pourrait jamais vivre.




Personnellement, j'ai été particulièrement sensible à la partie probablement la moins connue de son travail, celle allant de 1895 à 1914 environ. La photographie et la peinture s'y conjuguent et s'y confondent, intimement liées dans le travail de ce pionnier de l'objectif, tant dans la composition que dans le traitement photographique. Vraiment difficile parfois de trancher. Peinture et photographie? Cette ambiguité est intéressante car elle gomme les limites existantes entre ces deux pratiques artistiques. Peinture ou photographie? On ne sait trop, même si à l'évidence on sait se trouver devant des tirages photographiques. Je pense notamment au remarquable "Autoportrait au pinceau et à la palette". N'oublions pas que Steichen, au début de sa carrière, dut se battre sans arrêt pour faire valoir ses convictions et faire entrer la photographie dans le domaine de l'Art. Sa photographie picturaliste, ne pouvait rester en marge et être considérée comme une oeuvre mineure.
Eclectique, Steichen s'illustrera aussi dans les premières photos aériennes au service des armées lors de la Première Guerre Mondiale. Après la guerre, il quittera la vieille Europe dans laquelle il avait quelque temps séjourné et s'installera définitivement aux Etats Unis où il ouvrira un Studio. Il s'exercera avec succès à la photographie publicitaire, mais si esthétique que l'on cherche parfois en vain le message commercial. Seules les légendes apportent des éclaircissements sur le propos photographique. Il excellera également dans les Portraits d'écrivains, musiciens, compositeurs, peintres, sculpteurs, mais surtout d'acteurs, danseurs et chanteurs des deux continents.Toutes ces personnalités, sont photographiées en fonction d'une caractéristique personnelle. L'artiste tente de les révéler par l'objectif. Il se distinguera encore dans la photographie de mode dans le domaine de la Haute Couture, pour des magazines de luxe tels que Vogue ou Vanity Fair et pour de grands couturiers. Très belles, le plus souvent parfaites, pour ne pas dire toujours parfaites, ces photos d'un esthétisme glacé ne sont pas celles qui ont le plus retenu mon attention ni le plus suscité mes nombreux arrêts et mes constantes observations. Non, je me suis promenée en glissant de l'une à l'autre sans jamais m'arrêter vraiment avant de jeter un coup d'oeil rapide à ses clichés de fleurs et de végétaux, qui venaient souligner sa passion sporadique pour l'horticulture. Venait ensuite une série de photos de propagande prises lors de la Deuxième Guerre Mondiale dans la Navy, où il créa une section de photographie.
A partir de 1946, Steichen intégra le MoMA où il devint Directeur du Département de la Photographie et organisa une exposition ethnique "The Family of Man", dans laquelle il rapproche, par ses clichés documentaires, les peuples du monde entier dans une fraternité universelle et utopique. Enfin, à la fin de sa vie, en 1961, il se retira dans le Connecticut où il photographiera et filmera jour après jour et ce jusqu'à sa mort en 1973 un arbre. Un seul arbre, comme le dernier représentant de la vie.


Panneau défouloir visible en sortant des toilettes

Petite déception tout de même : impossible de prendre la moindre photo même sans flash au Jeu de Paume. C'est du même ordre que l'interdiction d'accès au Jardin des Tuileries faite aux chiens, même tenus en laisse et muselés. Les toutous n'ont droit qu'à l'allée de bordure, bien séparée du reste du parc, qui longe la rue de Rivoli, comme les visiteurs de l'exposition n'ont droit qu'aux couloirs, toilettes, escaliers et espace d'accueil pour sortir éventuellement leurs appareils. Je ne me suis donc pas privée d'utiliser le mien pour enregistrer les drôles de bruits qui s'échappaient de la cage d'escalier chaque fois que quelqu'un ouvrait la porte. Ce passage obligé, menait de la partie européenne à la partie américaine de l'exposition, du sous-sol au premier étage. Sur la porte menant à l'escalier, on pouvait lire : "Attention un environnement Sonore a été installé dans cet escalier." Une fois averti, il suffisait de se lancer dans ce parcours transitionnel jalonné de bruits divers. Vous pouvez les découvrir, comme si vous y étiez, à partir de la vidéo qui se trouve au début de cet article.



L'escalier transitionnel

Si vous avez un peu de temps devant vous, si vous aimez la photographie et son histoire, le déplacement "en vaut la chandelle".

Photos et Vidéo de mhaleph

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